Le premier tiers est une anthologie d’œuvres qui exaltent ce qu’il y a de démesuré et d’inquiétant dans les spectacles de la nature : tempêtes, volcans, cimes glacées et séismes…
Parmi les œuvres classiques, trois dessins de Léonard de Vinci sur le thème du « Déluge », plusieurs visions d’un Vésuve nocturne de Pierre-Jacques Volaire (18e siècle), une grande toile de l’approche d’un orage de William Turner (19e siècle) et une encre de Victor Hugo, d’après un épisode de ses Travailleurs de la mer. Parmi les contemporaines, une série de cartes postales britanniques, toutes consacrées à des tempêtes, rassemblée par Susan Hiller, et la vidéo tournée par Adrien Missika, au Turkménistan, dans une cavité où le gaz naturel, qui monte entre les pierres, alimente des flammes.
L’accrochage propose également des passages plus scientifiques : clichés d’un fleuve de lave à Hawaï, en 1880 ; images d’une éruption de l’Etna en Sicile, en 1920 ; reportages des vulcanologues Katia et Maurice Krafft ; le film que Werner Herzog a tourné, au pied de la Soufrière, en Guadeloupe, en 1977, en attendant une explosion que tout annonçait, mais qui n’a pas eu lieu.
Le sous-titre Les tremblements du monde, correspond aux deux derniers tiers de l’exposition qui présentent les œuvres d’artistes qui, depuis la fin des années 1960, ont mis en évidence la surexploitation, les pollutions, les paysages détruits par les fuites d’un pipeline, les sols empoisonnés par les résidus de l’extraction du nickel dans le Grand Nord… Il apparaît que c’est du côté des artistes (Gustav Metzger , Joseph Beuys , Nicolas Uriburu , Nicolas Uriburu…) et des savants que s’est d’abord manifestée une inquiétude face à ces dérèglements du monde.
L’exposition finit par un « réenchantement » du monde. Il y a les photographies des performances de Gina Pane, qui joue avec un rayon de soleil ou dispose des carrés d’humus sur un sol stérile, et celles d’Ana Mendieta, qui s’enfouit sous l’herbe, se métamorphose en naïade ou en dryade, dessine un sexe féminin avec son corps à moitié enfoncé dans la boue.
Mais difficile de ne pas s’inquiéter, voire de désespérer devant les deux installations de l’artiste japonais Tadashi Kawamata. L’une, à l’entrée, est une pyramide de débris et l’autre, au deuxième étage, un plafond suspendu composé de fragments de meubles, de cloisons ou de caisses. La référence au tsunami de mars 2011 et à la catastrophe de Fukushima est flagrante : une catastrophe naturelle suivie d’un désastre humain.
(Ref. Site du musée et Le Monde du 25 février 2016)
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