Le 6 août 2015, l’Egypte inaugurait un nouveau canal de Suez : 37 km doublant le canal « historique », lui-même élargi par ailleurs sur 35 km. C’est l’occasion pour l’Institut du monde arabe de dédier une exposition à ce canal percé entre 1859 et 1869 sous la direction de Ferdinand de Lesseps.
Le canal de Suez, c’est la jonction entre trois continents – Afrique, Europe, Asie – et une mine pour tous les passionnés de géopolitique et d’histoire.
L’exposition recourt à différents procédés immersifs tels que vidéos et fictions, au fil d’un parcours structuré en quatre temps. De nombreuses maquettes aident à comprendre les enjeux et la géographie des lieux : maquettes de l’inauguration, maquettes de bateaux remontant le canal et surtout une grande maquette tout en longueur qui suit le canal de Port Saïd à Suez.
Elle commence par l’inauguration du canal, en grande pompe, le 17 novembre 1869 : les visiteurs ont le choix entre trois tribunes officielles pour lire le journal de l’époque ou regarder les actualités sur grand écran. Ils peuvent ainsi vivre l’événement, préfiguration des expositions universelles et reflet de la volonté de modernisation de l’Egypte du xixe siècle.
Le parcours remonte alors le temps jusqu’aux origines du canal, environ 1800 ans avant notre ère. En effet, l’idée est née très tôt de permettre à des embarcations de passer du Nil à la mer Rouge et ainsi de relier celle-ci à la Méditerranée. Plusieurs souverains ont participé au projet depuis Sésostris III, le premier à ordonner son creusement, puis Nékao II, Darius, Ptolémée II Philadelphe, Trajan…
Le parcours de l’exposition traite ensuite de la vie du chantier au XIXe siècle. Le creusement du canal est synonyme de corvée pour les fellahs, dont des dizaines de milliers mourront à la tâche. Puis vient la mécanisation, explicitée par des maquettes, photos et vidéos, depuis les premières excavatrices jusqu’aux engins les plus récents.
Le discours de Nasser et la nationalisation de 1956 marquent le second temps fort du parcours et ouvrent la dernière partie de l’exposition. Au cœur des bouleversements politiques de la seconde moitié du XXe siècle, notamment des guerres avec Israël en 1967 et 1973, le canal est aussi synonyme pour l’Égypte d’outil de développement économique.
Enfin, l’exposition se clôt sur une vision perspective, doublée d’un regard sur la beauté des paysages qui bordent le canal de Suez.
Commissaire de l’exposition : Claude Mollard
L’exposition est très riche, avec une belle scénographie (peut-être trop belle pour certains thèmes ?)
On y apprend beaucoup de choses, histoire, politique, économie (mais pas assez sur l’impact du canal sur la vie le long des rives).