Dans la culture populaire juive, un dibbouk désigne une âme errante qui prend possession d’un vivant, selon une croyance qui s’est développée en Europe orientale à partir du XVIIIe siècle. Son origine remonte au XIIIe siècle.
Le dibbouk fait partie des créatures surnaturelles qui ont inspiré les artistes d’hier et d’aujourd’hui : une grande partie de l’exposition explore le sujet à travers le théâtre, le cinéma, la musique, la littérature et la peinture, avec une centaine d’œuvres, de la présentation d’amulettes du XVIIIe siècle à la projection d’extraits de films de Michal Waszynski, Sidney Lumet ou des frères Coen, de nombreuses représentations théâtrales, ainsi que les œuvres de Marc Chagall, Nathan Altman, Leonora Carrington, Michel Nedjar…
La notoriété du Dibbouk s’est développée avec la parution de la pièce « Entre deux mondes. Le Dibbouk« , écrite en 1914 par l’écrivain et ethnographe russe Shloyme Zanvl Rapoport (1863-1920), connu sous le nom de Sh. An-Ski. Celui-ci s’est inspiré des légendes collectées lors de ses expéditions ethnographiques dans les bourgades de Podolie et de Volhynie. C’est l’histoire d’une jeune femme possédée par l’esprit de son fiancé qu’elle n’a pas pu épouser et qui finit par en mourir.
Créée en 1920 à Varsovie, la pièce est traduite dans de nombreuses langues et devient le texte le plus célèbre du théâtre juif. Deux ans plus tard, la pièce est mise en scène à Moscou, en hébreu, par le théâtre Habima. De nombreux témoignages sont présentés dans l’exposition : films, photographies, affiches, costumes…
La pièce a été jouée de nombreuses fois à Paris dans différents théâtres : La Madeleine en 1926, Studio des Champs-Elysées en 1928, théâtre Montparnasse en 1930, salle Pleyel en 1937, La Bruyère puis Edouard VII en 1947…
L’adaptation de l’oeuvre au cinéma est réalisée en 1937 par Michal Waszynski, le film connaît un succès considérable en Pologne et dans le monde entier. Il porte les marques d’un judaïsme polonais au bord du gouffre, mettant en scène
l’angoisse de la catastrophe imminente.
Le 11 mai 1960, les services secrets israéliens capturent Adolf Eichmann, principal responsable de la logistique de la « Solution finale », à Buenos Aires. Au cours de l’opération, Eichmann est surnomme « Dybbuk ». Après le procès à Jérusalem et un voyage en Pologne, Romain Gary publie en 1967 « La Danse de Gengis Cohn », où la figure du dibbouk incarne un criminel nazi devenu commissaire de police en République fédérale d’Allemagne.
En Pologne à partir des années 1980, Andrzej Wajda puis Krzysztof Warlikowsky proposent de nouvelles mises en scène du Dibbouk, devenu le fantôme d’un pays sans juifs hanté par son passé.
Le thème du dibbouk reste présent dans le monde contemporain, par sa puissance universelle d’évocation des phénomènes de possession et sans doute encore plus par l’évocation du « monde disparu » des juifs d’Europe centrale et orientale.
L’exposition montre toute la richesse et la variété des représentations du dibbouk dans la culture et les arts : théâtre, cinéma, musique, littérature, peinture…
Commissaires : Samuel Blumenfeld et Pascale Samuel, avec la collaboration de Dorota Sniezek
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