Entre savoir et fiction, l’exposition dévoile les réalités qui se cachent derrière le mot « zombi ». Au départ, le mot «zombi» (nzambi) est d’origine africaine et désigne un esprit ou le fantôme d’un mort, puis sa signification a évolué en traversant l’Atlantique lors de la traite des esclaves.
En Haïti, le zombi se transforme au contact du vaudou, une religion issue du mélange des croyances traditionnelles africaines, caribéennes et catholiques. En marge de la culture vaudou, existent des sociétés secrètes , dont la société bizango, en charge d’une justice parallèle qui lui confère le pouvoir de changer une personne en zombi – la zombification -, une peine pire que la mort. Jugé et condamné, le zombi est privé de liberté, rendu esclave et gardé dans un état d’hébétude au service d’un sorcier ou prêtre (bokor).
Le parcours de l’exposition débute par la reconstitution grandeur nature d’un péristyle (temple vaudou haïtien) plutôt coloré, avec ses objets rituels du culte vaudou dont des crucifix, des effigies de saints catholiques. De même les robes de cérémonie exposées plus loin sont plutôt gaies et virevoltantes. Puis, l’on découvre une petite salle faiblement éclairée par quelques bougies électriques où sont déployés de sombres fétiches fabriqués avec des bouteilles, des cornes de vache, des crânes humains, du tissu… Ces fétiches sont chargés de lancer des sortilèges et censés contenir la partie spirituelle des anciens initiés de la société secrète des Bizangos.
Le long du parcours, le visiteur arrive sur la reproduction des tombes d’un cimetière haïtien. Elles sont jonchées de bouteilles d’alcool vides, de calebasses contenant des offrandes, de cartes… il y a beaucoup de vie dans les cimetières, de jour comme de nuit.
Enfin, l’on apprend qu’il existerait encore des milliers de zombis en Haïti, même s’ils ne sont pas tous des zombis classiques, c’est-à-dire une personne qui, malgré 7 avertissements, a continué ses mauvais agissements ou crimes et a été jugée par un tribunal parallèle et zombifiée. Le mot zombis a d’autres sens, tels qu’un être désocialisé ou un être atteint de troubles psychiatriques ou bien « un zombi criminel » (une personne pose un problème à quelqu’un, pour s’en débarrasser, ce dernier va payer un sorcier pour la zombifier). Un quatrième type de zombis est « le zombi social » : une personne va usurper l’identité d’un disparu et comblé ainsi un vide familial ; chacun fait semblant de l’accepter comme s’il avait été zombifié et était revenu.
Il faut aussi aller voir l’exposition pour découvrir Huit histoires de zombis qui sont le récit de huit individus considérés comme zombis depuis le début du 20e siècle.
Commissaire : Philippe Charlier, directeur du Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie (LAAB), UFR Simone Veil – santé (UVSQ / Paris-Saclay)
Commissaires associés
Lilas Desquiron, ethnologue, écrivaine, ancienne ministre de la Culture en Haïti, ancienne ministre conseiller, déléguée d’Haïti auprès de l’Unesco.
Erol Josué, directeur général du Bureau national d’ethnologie de Port-au-Prince en Haïti, artiste et prêtre vaudou, Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie (LAAB), UFR Simone Veil-santé (UVSQ/Paris-Saclay).
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