Jean-Michel Basquiat et Egon Schiele à la Fondation Louis Vuitton
Pourquoi cette (confrontation ? juxtaposition ?) Egon Schiele/JM Basquiat ? Quel rapport entre ce dépressif obsédé de corps anguleux, de sexes béants, de ligne épurée, dont le minimalisme va à l’essentiel mais dans une noirceur et une radicalité sauvages ? Pour avoir vu de loin en loin, quelques peintures d’Egon Schiele ici ou là, je croyais que j’aimais ce peintre. Sa radicalité, justement, son intransigeance. Mais ici, à la Fondation Vuitton, c’est l’overdose, dans une lumière sépulcrale. Il reste ici ou là, quelques fulgurances, des œuvres d’une magistrale économie, qui sautent à la figure par la perfection de leur expressivité, mais l’impression générale est celle d’un relatif ennui.
Certes, Le Monde voit dans ce rapprochement leur manière à chacun de briser les règles, certes, de s’affranchir de l’ordre académique ou moral, certes. Mais je vois surtout ce qui les oppose. Là où Schiele peint ses prostituées, ses nus, ses femmes défaites, ses autoportaits nauséeux, là où exsude une profonde tristesse, Basquiat explose de vitalité créatrice, il associe, il assimile, il digresse avec une joie féroce. Ses peintures fonctionnent comme un rébus où déchiffrer des intuitions, des associations, des fulgurances, Basquiat joue avec les formes, les références, les impressions, les instantanés, les obsessions, et l’ensemble donne une véritable joie à scruter, interpréter, changer d’avis, changer de sens de lecture, aller et venir dans la profusion, la pulsion créatrice en liberté. Quelques œuvres, apparemment épurées et simples ne laissent pas non plus d’intriguer, tant elles donnent de sens possibles à travers l’épure proposée.
Bref, j’aime l’un, l’autre pas (ou plutôt je ne l’aime plus, parce que j’y vois une œuvre et une âme entravées).