L’exposition, thématique et chronologique, commence par une série d’autoportraits dévoilant l’artiste à différents âges et sous différentes facettes. Ses autoportraits sont le reflet de son personnage changeant, il modifiait régulièrement son apparence, sa technique de peinture et même sa manière de s’exprimer. Le visiteur pourra, par exemple, s’attarder sur l’huile sur toile « Autoportrait en grisaille » (1935) où l’attitude du peintre évoque aussi bien le défi que la défaite.
En intégrant l’atelier de Whistler en 1882, Walter Sickert apprend à graver. On retrouve dans l’exposition des gravures à l’aspect brumeux, en noir et blanc, comme « Venise, La Petite Lagune, d’après Whistler » (vers 1884); « L’incendie de l’Exposition japonaise » (1885).
En avril 1883, Sickert rencontre Degas une première fois puis il nouera un véritable lien durant l’été 1985 à Dieppe. Cette amitié aura une influence sur la peinture de Sikert, qui utilisera de nouvelles couleurs, plus franches, et réalisera de nouveaux sujets.
A la fin des années 1880, la carrière de Sickert est lancée avec ses peintures de music-halls. Il fait scandale en traitant de ce sujet inédit en Angleterre. Il s’agissait, en effet, d’endroits que l’on considérait comme indignes d’être peints. La peinture « Bonnet et claque. Ada Lundberg au Marylebone Music Hall », (1887) montrant les spectateurs masculins et le visage de la chanteuse dont on ne voit qu’une bouche béante, reflète à quel point ce peintre était indifférent aux conventions. Au fil du temps, il s’est intéressé à représenter les spectateurs plutôt que les artistes.
Dans les années 1890 jusqu’à la fin de sa carrière, l’artiste cherche à s’établir en tant que portraitiste, autant par intérêt pour le genre que pour des raisons financières. Il tente de saisir l’âme de ses modèles. Mais comme la satisfaction du commanditaire n’est pas l’objectif prioritaire de Sickert, sa stratégie commerciale fonctionne mal…
Walter Sickert se tourne vers la peinture de paysages, à la fin des années 1890, lors de ses séjours à Paris, Londres, Venise entre 1894 et 1904, et à Dieppe où il y vit de manière permanente entre 1898 et 1905. Ses paysages maritimes, dans des gammes de bleu, vert, gris, argent mettent en évidence les vagues, le ciel et la ligne d’horizon.Il s’intéresse également à l’architecture urbaine comme, par exemple l’huile sur toile « L’hôtel royal, Dieppe » (1894) et « Rue Notre-Dame-des-champs, Paris » (1907).
Les nus qu’il a peints, notamment entre 1902 et 1913, ont fait scandale à l’époque en Angleterre. Sickert parle d’ailleurs de « sa période française » à propos de ses nus qu’il met en scène dans des chambres populaires. Son allusion à la prostitution montre qu’il n’hésite pas à transgresser les normes.
A la fin de sa carrière, il détourne et transpose en peinture des images de presse et des photographies. Il revendique l’utilisation de la photographie à la place du dessin préparatoire à partir du milieu des années 1920. Cette manière de peindre a été surprenante et déstabilisante dans le milieu de l’art anglais. Le tableau « Jack et Jill » a été peint à partir d’une image publicitaire. Les procédés de transposition utilisés par l’artiste sont explicités dans l’exposition.
Cette exposition a l’intérêt de bien montrer le profil original et provocateur de Walter Sickert, au cours de sa carrière de plus de 60 ans.
L’exposition est organisée avec la Tate Britain.
Commissariat général : Annick Lemoine, directrice du Petit Palais
Commissariat : Delphine Lévy, directrice générale de Paris Musées (2013-2020) ; Clara Roca, conservatrice en charge des collections d’arts graphiques des XIXe et XXe siècles, et de la photographie
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