Né à Berlin dans une famille juive aisée, Erwin Blumenfeld (1897 – 1969) s’installe à Amsterdam en 1918. C’est dans cette ville que sa carrière de photographe débute : son commerce de maroquinerie périclitant, il propose alors à ses clientes de tirer leur portrait. Il est ensuite introduit dans le milieu artistique parisien par la fille du peintre Georges Rouault lorsque, de passage à Amsterdam, elle découvre les photos exposées dans la vitrine de son commerce.
Il devient photographe de mode et travaille pour Vogue et Harper’s Bazaar à Paris comme à New-York où il s’installe définitivement en 1941.
Entre son installation à Paris en 1936, et sa carrière américaine, à partir de 1941, Erwin Blumenfeld voit sa vie artistique et personnelle bouleversée par la défaite de 1940. Il connaît l’internement comme « étranger indésirable » dans plusieurs camps français avant d’embarquer en août 1941 sur le Mont Viso, à destination de New-York (voir les photos prises à bord).
A travers près de 180 photographies et documents présentés de manière chronologique, l’exposition permet de suivre la carrière du photographe. Elle commence par des portraits faisant partie de la collection « Famille Blumenfeld » rassemblant des personnes célèbres comme : Georges Rouault (1936), Henry Matisse (1937), François Mauriac (1937), le couturier Lucien Lelong (1938), Michel de Brunhoff (rédacteur en chef de Vogue 1938). Sans oublier Le double auto-portait à la Linhof de 1938.
L’exposition suit le parcours de l’artiste dans des séries, dont sont issues les photographies présentées, parmi les plus célèbres et les plus expérimentales.
Les photos de nus féminins révèlent son talent dans l’usage de procédés tels que la solarisation, la surimpression, les jeux de miroirs et les jeux d’ombres et de lumières.
À New York, les magazines Harper’s Bazaar et Vogue, en particulier, lui permettent de déployer son talent et d’explorer formes et couleurs, dans le domaine du portrait et du nu féminin.
Des images très colorées recouvrent un pan de mur, il s’agit de couvertures de magazines Harper’s Bazaar et Vogue. La célèbre photo « Œil de biche » en fait partie.
L’exposition présente aussi deux reportages inédits, l’un sur une famille gitane aux Saintes-Maries-de-la-Mer, et l’autre sur les danses des Amérindiens de Taos au Nouveau Mexique.
Le visiteur peut également reconnaître des photos de sculptures en plâtre d’Aristide Maillol, comme les « Trois Nymphes ».
La série du Dictateur et des têtes de veau trouve également sa place dans le parcours de l’exposition avec par exemple, « Le Dictateur » (intitulé aussi Minotaure, 1937), ou Le Dictateur, portrait d’Hitler (1933) sur lequel Erwin Blumenfeld a peint des larmes de sang.
Cette exposition, qui retrace l’expérimentation artistique originale d’un homme devenu un grand photographe du 20e siècle, plonge aussi le visiteur dans les tourments de l’histoire.
Commissariat général : Paul Salmona
Commissariat scientifique : Nadia Blumenfeld-Charbit et Nicolas Feuillie
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