Visite de l'exposition

Le parcours, à la fois  chronologique et thématique, présente plus de 300 œuvres dont une grande partie date du Moyen Age occidental : sculptures, objets d’art (coffrets, petits bronzes), petit mobilier, manuscrits et enluminures, médailles, dessins, gravures, peintures et tapisseries. Certains oeuvres sont minuscules et d’autres monumentales comme les tapisseries ou les sculptures provenant des tours de Notre-Dame de Paris (ne pas les rater, en fin d’exposition).

La figure du fou a ses racines dans la pensée religieuse, puis elle s’est épanouie dans le monde profane pour devenir à la fin de la période un élément important de la vie sociale.
Au Moyen Age, la définition du fou est donnée par les Écritures : est fou celui qui ne croit pas en Dieu. Le premier vers du psaume 52 : « Dixit insipiens... » (L’insensé a dit en son cœur : « Il n’y a pas de Dieu ! ») ; à l’opposé, il existe aussi des « fous de Dieu », tel Saint François. Au XIIIe siècle, la notion est liée à l’amour, à sa mesure ou démesure, d’abord dans le domaine spirituel, puis dans le domaine terrestre. Et cela, l’exposition le montre à merveille !

Ce thème de la folie et de l’amour est présent dans la littérature avec les romans de chevalerie (Perceval, Lancelot, Tristan…) et leurs nombreuses représentations, notamment dans les enluminures. Le personnage du fou peut  dénoncer les valeurs courtoises et mettre l’accent sur le caractère lubrique, voire obscène, de l’amour humain. Des sculptures et des peintures traitent clairement de « l’amour fou », telle  la statue du philosophe Aristote, à quatre pattes, rendu fou par son amour pour la belle Phyllis.

Puis au XIVe siècle, le fou s’invite à la cour et devient l’antithèse « institutionnalisée » de la sagesse royale, sa parole ironique ou critique est acceptée. Le XVe siècle voit l’expansion de la figure du fou, liée aux fêtes de carnaval et au folklore ; le fou peut exprimer les idées les plus subversives. Il joue également un rôle lors de la Réforme : le fou c’est l’autre (catholique ou protestant). On remarquera l’extraordinaire banc d’orfèvre du prince-électeur Auguste 1er de Saxe (1526-1586), dont la fonction principale est le tréfilage (former des fils de métal). C’est une œuvre de sa collection de merveilles. Elle représente sur une face un tournoi imaginaire opposant catholiques et protestants. On y voit l’arrivée des joueurs, la défaite ridicule du catholique et pour finir, une procession de triomphe où le vaincu est traîné dans une brouette tirée par deux religieuses fesses nues, qu’un fou doit fouetter pour les faire avancer.

Au tournant du Moyen Âge et de la Renaissance, la figure du fou est omniprésente, comme le montrent des tableaux de Bosch et de Bruegel, présentés dans l’exposition.
Ensuite, cette figure s’efface peu à peu, remplacée par  le bouffon ou le nain dans les cours d’Europe.

En fin de parcours, arrêtez-vous devant l’immense tableau de Tony Robert-Fleury, « Pinel, médecin en chef de la Salpêtrière délivrant les aliénés de leurs chaînes » (1875). Une nouvelle histoire de la folie.
Et dans la dernière salle, quatre monumentales chimères provenant de Notre-Dame accueillent le visiteur.

A travers la figure du fou, l’exposition témoigne non seulement de la culture et de l’art du Moyen Age et de la Renaissance mais aussi de l’évolution de notre histoire.

Commissaires : Elisabeth Antoine-König, conservatrice générale au département des Objets d’Art et Pierre-Yves Le Pogam, conservateur général au département des Sculptures, musée du Louvre.

Galerie photos.

Figures du fou, du Moyen Âge aux romantiques