Rétrospective « Gilles Aillaud. Animal politique« au centre Pompidou-Paris, du 4 octobre 2023 au 26 février 2024.
Durant presque toute sa vie, Gilles Aillaud a peint des éléphants, des panthères, des rhinocéros, enfermés dans des zoos ou aperçus au loin dans de vastes paysages.
La peinture des animaux de Gilles Aillaud n’a rien d’exotique et les interrogations actuelles sur notre relation au vivant montrent l’importance de cette rétrospective.
La belle et intéressante rétrospective de Gilles Aillaud (1928-2005) n’a rien d’exotique : dans presque toutes les peintures de Gilles Aillaud, les bêtes doivent composer, résignées, avec ce qui les enferme, des barreaux, des murs et des fosses. La peinture de Gilles Aillaud touche juste, on ressent immédiatement la détresse des animaux, leur privation de liberté. La plupart des formats sont grands, à l’image des animaux représentés, sauf que ceux-ci n’occupent pas la place centrale sur la toile, ce que l’on remarque d’abord ce sont les barreaux, les murs de leur prison. La scénographie qui isole certains tableaux dans des sortes de recoin rappelant les cages est remarquable.
En 1988, Gilles Aillaud part au Kenya pour plusieurs mois, en compagnie de Jean-Christophe Bailly, et la fin de l’exposition change totalement avec des peintures qui se libèrent comme les animaux observés dans la savane africaine. Dans Eléphant après la pluie (1991), le pachyderme s’éloigne vers l’horizon, tache grise dans un paysage aqueux, sous un ciel bleu et blanc. Ou encore les deux girafes si gracieuses dans les frondaisons dont l’une est occupée à manger les feuilles.
Philosophe, khâgneux, Gilles Aillaud a pris son temps avant d’exposer. «Pendant plus de dix ans, expliqua-t-il, j’ai peint sans vendre un seul tableau ni être sollicité par quoi que ce soit d’extérieur, je suis donc habitué à une économie de prisonnier qui ferait de la couture, n’importe quelle activité absurde sachant qu’elle n’est pas reliée au monde extérieur.» Ce n’est qu’en 1963, à 35 ans, qu’il montre ses œuvres et il ne cessera de s’engager pour défendre une conception de la peinture qui tranche avec celle de ses aînés tenants de l’art pour l’art. Il veut «Mettre l’art en rapport avec l’histoire en le sortant d’un rapport d’enfermement avec l’histoire de l’art. C’est lutter pour que l’art soit effectivement une ouverture sur l’extérieur, et non un fonctionnement en vase clos.» Aillaud cherche à répondre à une question comme «Dans quelle mesure, si petite qu’elle soit, la peinture participe-t-elle au développement historique de la vérité ?».
Une rétrospective de l’oeuvre de Gilles Aillaud à ne pas manquer.
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