Le musée des Arts décoratifs consacre une exposition thématique à la naissance des grands magasins, qui deviennent au milieu du XIXe siècle des « temples de la modernité et de la consommation ». A travers l’histoire, la politique et la société du Second Empire, l’exposition dévoile la création, le fonctionnement et l’évolution des grands magasins, jusqu’à leur consécration lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Ces grands magasins sont encore bien connus : Au Bon Marché, Les Grands Magasins du Louvre, Au Printemps, La Samaritaine, et Les Galeries Lafayette.
Sous la direction de Georges Haussmann, Paris se transforme et le creusement de larges et nouvelles voies favorise leur implantation.
Des prises de vue permettant de documenter la capitale (mission photographique de 1885) montrent des quartiers de Paris avant les travaux d’urbanisation. On y voit d’anciennes voies détruites , comme la rue Saint-Germain L’Auxerrois (1865-1866), la rue Estienne (1866), disparues lors du percement de la rue du Pont Neuf.
De grandes affiches des chemins de fer « Chemin de fer du midi », « Chemins de fer de l’Ouest et de Brighton », illustrent l’essor de ce moyen de transport qui a été bénéfique aux grands magasins grâce à un meilleur acheminement des marchandises et à l’élargissement de la clientèle à la province.
Des affiches à l’enseigne des grands magasins donnent un aperçu de leur bâtiment surnommé « véritables palais babyloniens » par Emile Zola. Une rotonde d’angle surmontée d’une coupole les caractérise.
L’exposition dévoile aussi l’enquête d’Emile Zola lorsqu’il a écrit le roman « Au bonheur des dames » On découvre la vie d’un employé, la gestion des ressources humaines et les règles auxquelles le personnel est soumis. Des trombinoscopes du personnel concrétisent et donnent vie à l’organisation mise en place à cette époque afin d’assurer un important chiffre d’affaires.
Catalogues saisonniers et de ventes par correspondance, affiches publicitaires montrant des vêtements et leur prix reflètent la culture d’une société de consommation.
Les soldes vont aussi voir le jour et s’exprimer sur des affiches et dans des catalogues dédiés en mentionnant des prix attractifs.
La vente de vêtements pour adultes, au départ destinés à la bourgeoisie en quête de distractions culturelles, a évolué vers d’autres styles de vêtements plus utilitaires ou de villégiature comme « le costume de nourrice » vers 1900 et le complet en lin « Belle jardinière » vers 1905.
Les grands magasins ont également ciblé le marché de l’enfant. Des jouets tels que la poupée mignonnette en biscuit, textile, bois et verre fin XIXe siècle ; la poupée bébé jumeau vers 1900 en biscuit de porcelaine dure ; l’ours en mohair bourré de copeaux de bois vers 1935, boîtes de meccano… montrent la place de l’enfant dans la société à cette époque.
Des appareils électriques et au gaz sont mis en vente et les affiches témoignent des progrès du XIXe siècle liés à la révolution du gaz et à la « fée électricité ».
La production de meubles et d’objets d’arts en série a été promu par les créateurs désireux de transmettre le goût du beau au quotidien. Chaque grand magasin finit par avoir son atelier d’art, Le Printemps ayant été pionnier avec l’atelier Primavera en 1912.
Des objets et bibelots tels que perruche, poisson en faïence émaillée, biche couchée en faïence craquelée, assiettes, vases sont des exemples d’objets produits à l’époque dans les ateliers d’art des grands magasins. Le secrétaire et fauteuil en palissandre, bois de violette et cuir (vers 1930) est une des œuvres de l’atelier de « la Maîtrise » des Galeries Lafayette.
Avec près de 700 objets allant des affiches aux vêtements, jouets et pièces d’arts décoratifs, l’exposition permet de comprendre l’évolution du commerce parisien à partir de 1852 qui préfigurait l’avènement de la société de consommation. La démocratisation de la mode, l’invention des soldes, l’enfant en tant que nouvel objet marketing, la vente par correspondance sont développés dans cette riche exposition.
Commissaire générale : Amélie GASTAUT, conservatrice en chef, collections Design graphique / Publicité
Commissaires associées : Anne MONIER VANRYB, conservatrice, collection des jouets et Marie-Pierre RIBÈRE, assistante de conservation, collection mode et textile
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