Au début du XVIIe siècle, des artistes italiens, français, espagnols, allemands et hollandais se sont installés à Rome dans la mouvance du Caravage. Etudiant les chefs d’œuvre de l’Antiquité ou des maîtres de la Renaissance, se confrontant à leurs contemporains, recherchant l’appui des riches collectionneurs de la Rome opulente et fastueuse, ils ont aussi participé à la vie nocturne de la ville et y ont trouvé une source d’inspiration.
L’exposition présentée au Petit Palais entend montrer cette Rome populaire, celle des bas-quartiers, des tavernes et des carnavals, des rixes et des tricheries, des prostituées, des mendiants et des brigands.
Sur ce thème inédit, les commissaires, Annick Lemoine et Francesca Capelletti, ont réuni près de soixante-dix toiles d’artistes aux sensibilités et aux techniques aussi différentes que celles de Manfredi, Rosa, Valentin, Vouet, Gelée, Ribera, Rombouts, Van Laer… On y trouve aussi bien des peintres caravagesques et des paysagistes que des peintres de scènes pittoresques.
Le parcours magnifiquement scénographié par Pier Luigi Pizzi, rompu à la mise en scène d’opéras baroques, nous introduit tout d’abord dans une galerie évoquant celle d’un palais où sont accrochés des reproductions de vues de Rome et un plan de la ville indiquant les lieux de vie des artistes. Des copies en plâtre de célèbres statues antiques témoignent de l’influence de la culture classique dans la ville éternelle.
Différents thèmes sont ensuite évoqués : Bacchus, la bohème des peintres, les charmes et sortilèges, les vices, plaisirs et passions, les désordres et violences, la Rome souillée,
les portraits des marges et la taverne mélancolique. On s’arrêtera devant le Bacchus et un buveur de Bartolomeo Manfredi, on découvrira les Bentvueghels, ces joyeuses compagnies d’artistes du nord « bambochant » dans l’ivresse (Bentvueghels dans une auberge de Roeland van Laer), l’étrange univers de Salvator Rosa (Scène de sorcellerie), les scènes équivoques représentées par Simon Vouet (La diseuse de bonne aventure) ou Giovanni Lanfranco (Jeune homme nu au chat). Les vestiges antiques sont intégrés à des scènes de taverne, les paysages parasités par des scènes triviales (Vue de Rome avec une scène de prostitution de Claude Gelée). Les portraits de gueux et de misérables révèlent la recherche de naturalisme chez des artistes tels que Jusepe de Ribera (Mendiant) ou Michael Sweerts (Un vieillard et un jeune homme). A la fin de la visite correspond la fin de la fête et la mélancolie sourd des scènes de concert de Valentin de Boulogne (Le concert au bas-relief) ou de Gerrit van Honthorst (Concert avec trois musiciens).
Autour de l’exposition :
- cycle de six conférences d’histoire de l’art
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