Visite de l'exposition

La motivation inébranlable de Paula Padani (1913-2001) lui a permis de développer son art et sa créativité, d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, malgré les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Paula Padani est née à Hambourg dans une famille juive polonaise. Sa vie a été bouleversée par la perte de son père et de sa mère.  Orpheline à 12 ans, elle a vécu dans un contexte international tragique et subi la restriction des droits civiques envers les juifs.

En 1932, Paula suit à Dresde des cours à l’école de danse Wigman. Des photos de danseuses montrent le style de chorégraphie enseignée. En 1934, elle termine ses études dans cette école mais son diplôme officiel lui est refusé à cause de sa judéité.
En 1935 à l’âge de 22 ans, elle s’exile via la Suisse, l’Italie et la Grèce pour fuir l’Allemagne et entre clandestinement en Palestine en 1936. Elle ouvre une école de danse à Tel-Aviv et crée un répertoire de solos influencés par l’expressionnisme, l’histoire biblique et les paysages palestiniens. Avec d’autres danseuses exilées, elle participe au développement de la scène théâtrale moderne. Plusieurs épreuves argentiques  des solos qu’elle a créés à Tel-Aviv sont présentées dans l’exposition. Des photos la montrant en mouvement, comme en suspension dans l’air, « Hora en plein Air », révèle sa grâce et son rayonnement.

En 1946, après dix années au sein de la bohème « palestinienne », elle fait le choix de partir avec son mari, le peintre et décorateur de théâtre Michael Gottlieb, dit Aram. A Paris, le couple poursuit ses activités artistiques : Aram se consacre à la peinture et noue des amitiés avec des artistes de l’École de Paris, tandis que Paula continue sa carrière scénique en Europe et à New York.

Quelques peintures de Michael Gottlieb comme « Les toits de Paris » tout en nuances de gris traduisent sa tristesse suite à la disparition de membres de sa famille déportés. Paula lui a inspiré plusieurs tableaux tel que l’huile sur toile « Portrait de Paula » de 1954.
Sont également exposés des documents personnels comme la carte de séjour au nom de Paula Padani (1945), la feuille manuscrite avec les adresses successives de Paula et son époux, ainsi que des photos montrant le couple découvrant le Paris d’après -guerre.

Entre 1947 et 1948, à l’invitation de l’American Jewish Joint Distribution Committee, elle part en tournée dans les camps de personnes déplacées de la zone d’occupation américaine en Allemagne, pour soutenir les rescapés juifs. Une photo où Paula est entourée de rescapés (janvier 1947) montre son engagement humanitaire. Dans son document « My Tour of Germany », elle décrit sa découverte de la Shoah à travers les récits des survivants. Elle souhaite que son art soit un symbole d’espoir dans la période d’après-guerre. Des reportages de presse souligne l’enthousiasme qu’elle suscite en essayant de redonner un peu de joie aux rescapés grâce a ses nombreux spectacles.

À partir des années 1950, Paula Padani se consacre à un enseignement centré sur l’improvisation et l’épanouissement de la créativité individuelle et enseigne jusqu’à plus de 80 ans. Elle décède à Paris en 2001, trois ans après la mort de son mari.

Commissaires de l’exposition
Commissaire scientifique : Laure Guilbert
Commissaires : Nicolas Feuillie et Léa Weill

 

Paula Padani. La danse migrante