Visite de l'exposition

Le Petit Palais présente une remarquable rétrospective consacrée à Jusepe de Ribera, le peintre que ses contemporains considéraient comme encore « plus sombre et plus féroce » que le grand maître italien Caravage. D’origine espagnole, Ribera fit toute sa carrière en Italie, à Rome puis à Naples.

Pour Ribera, toute peinture, que ce soit un mendiant, un prince ou une Pietà, doit procéder de la réalité. Ribera traduit le quotidien aussi bien que des scènes de torture horribles avec le même réalisme.  Ses coloris sont noirs ou rouges  flamboyants, le clair-obscur dramatique.

Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et estampes venus du monde entier, l’exposition retrace l’ensemble de la carrière de Ribera : d’abord les années romaines, puis la période napolitaine, à l’origine de son ascension rapide. Ribera s’impose comme l’un des interprètes les plus audacieux de Caravage, et comme l’un des principaux artistes de l’âge baroque.

Les peintures de Ribera sont dérangeantes et ne laissent pas le spectateur indifférent. Ses peintures de la vie quotidienne attirent le regard, comme La femme à barbe (1631) accompagnée de son mari, elle donne le sein à un nourrisson (on dirait un couple d’hommes), ou encore, Le pied-bot (1642), un mendiant pauvrement vêtu, avec un regard noble et un sourire malicieux.
Mais la représentation de la violence est au coeur de la production de Ribera avec ses compositions peuplées de martyrs et suppliciés, de scènes de torture comme Le martyr de Saint Barthélemy (vers 1616-1617) ; le saint a subi une série de supplices (crucifié la tête en bas, écorché puis décapité), c’est l’écorchement qu’a retenu Ribera en en donnant une version précise et terrifiante.
Le tribunal du vicariat (tableau anonyme présenté dans l’exposition) témoigne de la violence quotidienne à laquelle Ribera et ses contemporains assistaient dans les rues de Naples, sur la place du vicariat où tortures et exécutions publiques se mêlaient aux activités quotidiennes. Ribera y a assisté et s’en est manifestement inspiré.

Commissariat :
Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais.
Maïté Metz, conservatrice des Peintures et Arts graphiques anciens au Petit Palais.

 

Ribera. Ténèbres et lumière